
Effondrement des prix du beurre et du fromage dans l’UE
Depuis la fin du mois d’août, les prix du beurre et du fromage se sont littéralement effondrés à l’étranger et sur les marchés mondiaux. Après avoir atteint cet été des sommets nettement supérieurs à 7 €, les blocs de beurre se négocient actuellement à seulement 5.50 € à la bourse allemande du beurre de Kempten. En Allemagne, Aldi a baissé à deux reprises les prix du beurre en très peu de temps. Les prix des fromages standards tels que l’edam ou la mozzarella à pizza ont chuté dans une ampleur similaire. En conséquence, la valeur de la matière première de Kiel – c’est-à-dire le revenu théorique tiré d’un kilogramme de lait transformé en beurre et poudre de lait écrémé – a également reculé de 10 ct cette année, retombant à moins de 45 ct. Cette évolution devrait, dans les mois à venir, se répercuter douloureusement sur les prix du lait dans l’UE.
Les causes de cette chute de prix inattendue sont multiples. Ce qui est certain, c’est qu’à l’étranger aussi, tout comme en Suisse, la production laitière est extrêmement élevée. Ces volumes importants rencontrent une demande stable. À long terme, les besoins restent soutenus par la croissance démographique et la consommation par habitant, mais à court terme, la suroffre domine. La forte baisse des prix à l’étranger détériore encore les perspectives d’exportation. Malgré les mesures de soutien décidées, les exportations deviennent encore moins attractives à cause des prix plus bas à l’étranger.
Livraisons record et capacités de transformation limitées
En Suisse, les livraisons de lait exceptionnellement élevées se heurtent à une demande faible. Chez mooh, les livraisons ont déjà dépassé de 4 % le niveau de l’année précédente en septembre, et cette tendance se poursuit en octobre. Ce phénomène se manifeste dans tout le pays – particulièrement dans le segment bio, où les volumes sont même supérieurs d’environ 10 % à ceux de l’an dernier. Ces livraisons accrues de lait bio confirment que la cause principale réside dans une base fourragère très favorable. Parallèlement, la capacité de transformation est temporairement réduite en octobre en raison de nombreuses révisions, ce qui aggrave encore la situation déjà tendue du marché.
Décisions de l‘IP lait pour soulager le marché confirmées
L‘IP lait a adopté plusieurs mesures visant à désengorger les stocks de beurre. Ces décisions ont été confirmées lors de l’assemblée extraordinaire de fin septembre. Les mesures comprennent :
- l’exportation de 2000 t de beurre et de 2000 t de crème d’ici à la mi-2026 ;
- des incitations financières pour favoriser l’utilisation de beurre suisse à la place de beurre importé pour la transformation industrielle ;
- des incitations à réduire la production laitière au cours des prochains mois.
Pour la mise en œuvre de ces décisions, environ 50 millions de kg de lait C seront nécessaires, répartis proportionnellement entre les premiers acheteurs de lait – ce qui correspond à environ 14 millions de kg pour mooh.

Ces volumes seront-ils suffisants ?
Les mesures décidées reposaient sur l’hypothèse de livraisons stables, et les soutiens financiers ont été calculés en conséquence. Compte tenu des volumes désormais nettement plus élevés, il n‘est pas certain que les moyens disponibles suffiront. Il semble que la branche ait besoin d’une coordination supplémentaire et, éventuellement, de nouveaux mécanismes d’allègement.
Lutte pour les capacités de transformation
Les capacités de transformation limitées face aux livraisons élevées ont déclenché une véritable lutte de priorités. Celle-ci ne se joue plus principalement sur les prix, mais déjà sur la possibilité même de pouvoir décharger le lait. Pour mooh, la situation est particulièrement difficile : d’un côté, des livraisons record – y compris celles de producteur·trice·s livrant directement à nos clients – se heurtent à des capacités restreintes chez les transformateurs. Les volumes supplémentaires des producteur·trice·s en livraison directe sont traités en priorité, ce qui évince le lait de mooh. D’un autre côté, mooh subit une pression disproportionnée de la part de partenaires ayant perdu des parts de marché ces dernières années. Là aussi, les producteur·trice·s en livraison directe profitent doublement – de la situation actuelle de concurrence et des hausses de prix accordées par mooh ces dernières années – tandis que le mécanisme de péréquation des charges ne fonctionne pas de manière satisfaisante.
Le lait bio doit être exporté
Dans le segment bio également, les défis s’intensifient. Les livraisons en hausse se heurtent à une demande à peine stable. Les volumes supplémentaires ne peuvent pas être absorbés par le marché intérieur et doivent, dans le meilleur des cas, être exportés. Si cela n’est pas possible, une déclassification en lait PER serait inévitable, entraînant ainsi sa valorisation comme lait C. Dès novembre, mooh achètera donc aussi du lait B dans le segment bio, car une partie des volumes devra être exportée.
Pas de débouchés pour le lait de restriction
Dans ces conditions, la marge de manœuvre pour le lait de restriction est extrêmement limitée. mooh achète donc uniquement le lait de restriction provenant de fromageries qui collaborent déjà avec nous depuis plusieurs années. Ce lait est acheté dans le segment C, au prix de 30 ct/kg, ce qui correspond approximativement au revenu réalisable pour des volumes supplémentaires sur le marché.
Évolution négative des prix
Les évolutions défavorables du marché au cours des dernières semaines nécessitent une réduction claire des prix. Pour le lait ensilage PER, le prix baisse de 4 ct/kg par rapport à la prévision, pour s’établir à 56 ct/kg. Les prix des autres catégories de lait ont également dû être ajustés à la baisse, car les volumes sont élevés et les quantités éventuellement déclassées aboutissent dans le segment du lait ensilage PER, où il n’existe actuellement aucun débouché. Le conseil d’administration a en outre décidé de refléter la situation du marché dans la déduction pour sur-livraison. Pour novembre, une déduction de –12 ct/kg a d’ores et déjà été fixée. Cette déduction ne reflète pas complètement la situation actuelle – elle devrait en réalité être encore plus élevée. Cependant, mooh ayant jusqu’ici appliqué un modèle prévoyant une déduction maximale de –12 ct/kg, nous souhaitons maintenir cette limite pour des raisons de continuité jusqu‘à fin 2025. En 2026, notamment pendant les mois printaniers à forte production, une part importante des volumes excédentaires devrait être classée en lait C, ce qui entraînera une déduction supérieure à 12 ct/kg. Ainsi, à partir de 2026, la limite maximale de –12 ct/kg sera levée. Dès janvier 2026, une déduction plus élevée pourra être appliquée si nécessaire – selon les estimations actuelles, mooh commencera en janvier 2026 avec une déduction de –14 ct/kg pour les sur-livraisons.